Le cabinet Sia Conseil, présent également en Belgique, a réalisé la première étude portant sur l’impact économique (comprenez non scientifique) d’un abaissement des seuils d’émission des antennes de téléphonie mobile à 0,6 V/m en France.   Sensible (et presque universel), le débat.

Comme l’indiquait R. JOLIET dans une réflexion sur les ondes radio électriques, « certains on crié sur tous les toits que la vitesse (30 à 40 km/h !) du rail était néfaste pour la santé, que lors des passages dans les tunnels les voyageurs allaient être « aspirés », que les vaches ne donneraient plus de lait et j’en passe… C’est ainsi que la gare de Neufchâteau est à Longlier. De nos jours nous prenons le Thalys, le TGV, nous passons dans des tunnels. Qu’en advient-il ? Rien, on voyage et, pourtant, l’alimentation de ces rames en courant électrique haute tension rayonne. »

D’un côté, l’abonné s’agace des zones de non-couverture. De l’autre, épaulé par le politique, il réclame un principe de précaution sur la nocivité (réelle ou fantasmée) des ondes radio GSM/3G.  Une étude française indique pour la première fois l’impact économique de l’abaissement du seuil d’émission des antennes relais.

Le monde scientifique est aujourd’hui face à une nécessité : déterminer si les émissions radio (GSM, Wifi, micro-ondes) ont un impact négatif sur la santé des individus. L’étude économique publiée cette semaine par Sia Conseil n’a aucune vocation à défendre une opinion scientifique ou une expertise médicale sur les dangers réels des ondes et leur niveau d’innocuité pour le grand public : le jeu est clair. Pour l’heure,  malgré plusieurs années de recherche, aucune étude scientifique n’a démontré le caractère nocif de ces émissions. Une position plus ferme, quelle qu’en soit la nature, permettrait toutefois de déterminer si le principe de précaution adopté par les pouvoirs publics est fondé.  C’est que l’idée d’imposer un seuil d’émission à 0,6 v/m a des incidences économiques, à la fois pour les opérateurs… et les consommateurs.

Le cabinet évalue aujourd’hui entre 3,6 et 7 milliards d’euros le coût d’adaptation des réseaux mobiles, en cas d’uniformisation de l’ensemble du parc à la norme de 0,6 V/m. Les coûts d’exploitation additionnels seraient de l’ordre de 800 millions à 1,6 milliard d’euros par an. Sur une période de 3 ans, les investissements et les coûts d’exploitation seraient compris entre 6 et 12 milliards d’euros. Quid du consommateur ? Selon le rapport, sa facture augmenterait de l’ordre de 9 à 17 %.

Sia soulève un autre débat.  Les autorités publiques vont ainsi devoir régler un problème d’injonction paradoxale.   D’un côté, sous pression à la fois des pouvoirs publics, mais également des abonnés, les opérateurs sont priés et pressés d’améliorer leur couverture et densifier leur réseau, notamment dans les zones à faible densité de population (prenons le cas de l’Ardenne en Belgique).   L’absence de couverture (extérieure, mais plus souvent à l’intérieur des bâtiments) est l’une des causes d’insatisfaction les plus courantes chez l’utilisateur : elle peut d’ailleurs être invoquée en cas de rupture de contrat d’abonnement.   De l’autre, les opérateurs sont contraints de baisser les seuils d’émission et se voient condamnés à démonter leurs antennes par des jugements rendus devant les tribunaux pour répondre à un « principe de précaution », que les scientifiques semblent avoir du mal à appuyer fermement.

L’analyse avait pour but d’exposer les enjeux potentiellement induits par le Grenelle des Antennes lancé chez nos voisins français et leurs impacts technico-économiques, à la fois pour les opérateurs et les consommateurs. Elle porte exclusivement sur les antennes relais en France, mais peut être enrichissante pour la Belgique, où le débat divise scientifiques et pouvoirs publics, les différents niveaux de pouvoir (régions, fédéral) adoptant des positions tantôt modérées, tantôt plus fermes, sur le sujet. Le débat était déjà vif au printemps dernier, après la décision en région Bruxelles-Capitale d’interdire une puissance d’exposition supérieure à 3 volts par mètre.