Tiens, la vente couplée s’invite chez Phone House !

Vous l’aurez probablement remarqué aux affiches qui peuplent nos villes et nos villages : The Phone House a choisi de devancer les opérateurs dans la vente dite « couplée ». Le deal est simple : vous prenez un abonnement ? Nous vous proposons un prix écrasé (disons, plus « favorable » pour l’instant). Il était temps.

11

La vente conjointe, longtemps combattue par nombre de députés, principalement PS / SP – avec une attention louable pour la protection du consommateur – , sera bientôt une réalité dans notre pays. La machine européenne a fini par trancher. Faut-il craindre le grand méchant loup ? Pas vraiment, si l’on part d’un principe « de bon sens » : la confiance et la loyauté se gagnent.

Revenons tout d’abord sur le concept. Il est simple à comprendre. Aujourd’hui, lorsque vous achetez un mobile (ou un netbook), vous payez le prix « plein ». Demain, il vous sera possible de « négocier » ce prix en fonction de l’abonnement auquel vous souscrivez : un abonnement à la téléphonie fixe, à la téléphonie mobile, à la télévision numérique ou à Internet haut débit. Cette réduction de prix en fonction d’une loyauté/période minimale de souscription s’appelle la « vente conjointe ». Elle était jusqu’ici proscrite, parfois pratiquée par des moyens détournés.

Quelle est la situation aujourd’hui en Belgique ? Prenons le cas de l’iPhone. Vendu entre 500 et 600 euros TTC, il permet d’être utilisé sur le réseau de n’importe quel opérateur. Le point de vente le plus direct pour se procurer le mobile en question est Mobistar, distributeur exclusif de l’iPhone. Cet opérateur vous propose 3 abonnements dédiés iPhone, à partir de 30 euros. La souscription à ce type d’abonnement est de 24 mois minimum. Sans votre signature à la condition « abonnement 24 mois + domiciliation », vous ne pourrez bénéficier du fameux tarif. Résumons : en échange de cette loyauté, vous obtenez aujourd’hui…. un accès à cet abonnement. Demain, avec la vente couplée, vous obtiendrez à la fois l’accès à cet abonnement et, probablement, une très forte réduction sur l’achat de votre mobile.

Toujours au rayon iPhone – l’exemple nous semble le plus parlant – : le prix écrasé à 99 dollars US annoncé cette semaine est conditionné à un abonnement auprès de AT&T, d’une durée de 24 mois. Chez Mobistar ? Faites le compte. 625 euros pour le futur modèle 32 GB + ( 24 x abonnement de 30 à 60 euros) = … Qui est gagnant in fine ? Le consommateur ou… l’opérateur ?

La porte-parole de Mobistar s’exprimait cette semaine déjà sur la possibilité de vente couplée pour l’iPhone en Belgique. Réponse toute trouvée : « Mais pourquoi ? L’iPhone est un terminal qui se vend bien à son prix actuel. » Incontestable, mais s’il se vend si bien, pourquoi ne pas publier les chiffres de vente comme le fait Orange en France ? Les monopoles (ici, dans la distribution) ont parfois des airs si angéliques (et Patti Verdoodt en est le plus irrésistible et souriant exemple) pour vous expliquer que rien ne doit et ne peut changer.

Question suivante, suite logique : pourquoi les opérateurs mettent-ils autant de temps à réagir et à se lancer dans la vente couplée ? L’excuse la plus simple consisterait à dire que la loi doit encore être transcrite en droit belge. A vrai dire, le scénario cité plus haut explique lui aussi cette relative tentation du report sine die de la formule. Demain, l’opérateur devra débourser quelques dizaines, voire centaines d’euros en plus pour que vous lui accordiez votre confiance 12, 18 ou 24 mois. Dans la formule actuelle, il sort (confortablement) gagnant sans trop s’aventurer dans des sacrifices financiers (quand on sait que le SMS revient à peine à 1 centime prix coûtant, on comprend mieux pourquoi certaines formules les proposent à foison pour attirer votre juteuse signature).

Oui, il est temps de casser ce modèle de marché un peu trop parfait. Oui, le « simlock » peut se justifier si le consommateur bénéficie d’une quasi-gratuité sur l’achat d’un terminal évolué. L’argument le plus souvent brandi contre la « vente couplée » est l’agitation du drapeau « attention, crédit à la consommation ». Mais, contrairement aux autres crédits, ce n’est pas le consommateur qui prend les risques liés à son ouverture, car il n’y à, à vrai dire, aucune ouverture de crédit : c’est l’opérateur ou le distributeur qui assume le risque de vous proposer un prix plancher.

La décision de Phone House est intelligente et nous la saluons ! Le Nokia de base passe dès aujourd’hui de 49 à 1 euro. Quant au netbook Acer, il passe de 319 à 194 euros si l’on opte pour un abonnement à la télévision numérique, à l’ADSL et à une assurance. Certes, le gain n’est pas spectaculaire, mais c’est à n’en pas douter une première démonstration que le modèle brandi comme un démon peut être nettement plus intéressant qu’il n’y paraît à première vue pour un consommateur qui, aujourd’hui, subit le diktat des contrats à durée déterminée sans en tirer un bénéfice, disons, « consistant ».

Spéculation : le W995 et le N97 sortent pour le début de l’été, tout comme l’iPhone 3GS et le Samsung Omnia HD. Je vous propose un abonnement de 30 euros par mois avec connexion Internet mobile, une assurance trimestrielle et un mobile à 99 euros. Vous refusez ? Ou vous payez 350, 400, 500, 700 euros TTC et vous vous engagez 24 mois à 30 euros ?

La loyauté se paie. Et elle va payer. Phone House l’a bien compris.

Lien : www.phonehouse.be