BelgiqueMobile vous propose un aperçu – nous l’espérons relativement pondéré – de l’iPhone tel qu’il est disponible sous nos latitudes, loin des rives du Mississipi, c’est à dire sans ses fonctionnalité de… téléphone. Voyons de quel bois se chauffe ce terminal tactile : un iPod, un terminal Internet mobile WiFi, un appareil photo d’appoint et un lecteur de courriel de poche.

Ecran d'accueil de l'iPhone

Le phénomène iPhone a bien débordé des Etats-Unis. Depuis sa sortie, il semble s’être exporté plus aisément que prévu sur le vieux continent par le biais de l’import d’une part – il s’en trouve entre 599 et 800 euros sur eBay à vos risques, périls et frais de douane -, par le biais des voyages de l’autre.

Ainsi, un ami s’est procuré au prix local – c’est à dire 599 USD soit 434 euros – un exemplaire 8 Go du téléphone d’Apple. Activé par un procédé qu’il est sans doute inutile d’expliquer, l’iPhone qui m’a été confié quelques jours est à vrai dire semi-fonctionnel. Seules les logiciels non liés à la téléphonie répondent de ce côté-ci de l’Atlantique – sauf si un utilisateur fou furieux est capable de souscrire à un abonnement AT&T et l’utiliser en Europe au prix fort, celui de l’itinérance -, faisant de l’iPhone un « iPod 6G ». Exit le téléphone, les SMS, la boîte vocale « visuelle » et, pour une étrange raison, l’application YouTube, nécessitant le réseau EDGE pour démarrer.

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Les premières impressions

Outre un écran avec lequel aucun téléphone tactile ne peut aujourd’hui se targuer de rivaliser – et certainement pas les derniers nés de la gamme HTC -, la première impression qui se dégage à l’utilisation de l’iPhone est la fluidité avec laquelle il se manipule et avec laquelle les différentes applications répondent. Visiblement, l’écran jouit de 16 millions de couleurs (comparaison sommaire avec un Nokia E65) ; excellente lisibilité en plein soleil, lissage des polices très réussi.

Le premier réflexe semble être d’appuyer fort alors qu’il convient plutôt d’adopter un comportement plus naturel consistant à effleurer l’écran. Déroutant : il ne semble pas possible de fermer une application.

Premiers pas avec l’écran d’accueil

Inutile de présenter l’écran d’accueil, lequel s’est vu rapidement singé et porté sur bon nombre de systèmes d’exploitation mobiles, au premier rang desquels le très flexible Windows Mobile : 12 icônes d’application et un dock présentant les fonctions de téléphonie, de courriel, Safari et l’iPod.

Contrairement aux autres systèmes embarqués, Mac OS X « mobile » n’est pas compatible avec les applications Java. Seules les applications écrites pour l’iPhone (des widgets, rien de plus) y ont droit de siéger. Exemple : la météo. L’icône météo renvoie vers un widget (mini-application) pareil à celle disponible dans le Dashboard de Mac OS X.

Il ne faut pas rêver à une logithèque aussi vaste que celle embarquée par Windows Mobile ou Symbian dans l’acception classique du terme (application locale). A vrai dire, quelle importance ? Sinon un GPS – ici, seules les Google Maps sont intégrées -, la plupart des applications peuvent très bien être « codées » dans un langage Web (AJAX).

L’iPhone prend pour moi une longueur d’avance sur ses concurrents en se positionnant comme un terminal prévu pour les applications du Web. C’est qu’aux Etats-Unis, dans sa version connectée au réseau AT&T, à l’image du Blackberry qui maintient un lien http constant avec le serveur blackberry.net, l’iPhone est constamment relié à l’Internet via EDGE ou le WiFi.

On peut ainsi imaginer que dès que l’appareil aura gagné les réseaux 3G(+), il disposera d’assez de bande passante pour offrir une fluidité totale dans la manipulation des applications web comme Google Docs.

Un iPod, un terminal Internet de poche

iPhone : le blog adapté à Safari via un plugin WordPress

Safari est un navigateur suprenant. Il offre d’une part une interface connue et intuitive, mais en plus synchronisée avec la version « desktop » de Mac OS X ou Windows. Les signets sont donc maintenus dans sa version fixe et mobile.

La navigation sur des sites optimisés est fluide et agréable (ce site dispose par exemple d’un plugin qui adapte son look & feel lorsqu’il est consulté depuis un iPhone). Sur des sites non formatés pour l’Internet mobile, une pression sur l’écran (deux doigts appliquent un mouvement d’agrandissement) permet de zoomer : si cette fonction de « loupe » n’est pas une nouveauté (Deepfish, S60 Browser et Opera Mini la proposent déjà), c’est surtout l’interaction tactile qui confère à Safari une longueur d’avance sur ses concurrents.

Tout comme l’iPod et la photo, Safari peut être utilisé à la verticale ou à l’horizontale : un détecteur de position/mouvement adapte automatiquement l’écran.

Les réseaux WiFi sont détectés et proposés sans intervention de l’utilisateur. La sensibilité est tout à fait identique à celle du Macbook Pro.

Autre suprise, l’iPod (ici de 8 Go). A la verticale, la navigation se fait de manière très classique dans une interface proche du Walkman de Sony. A l’horizontale, ce sont les pochettes des albums qui s’affichent (tout comme CoverFlow dans iTunes 7). Il suffit à l’aide d’un doigt de faire défiler les pochettes et sélectionner un album : il se « retourne » et propose l’ensemble des titres qu’il embarque. La fluidité des vidéos (notamment des podcasts) est pareille à celle de l’iPod 5G.

Le logiciel Mail propose un très sommaire – et donc pratique – outil de configuration du compte courriel (Gmail, Yahoo, .Mac, POP3). Il s’agit d’une version adaptée à l’iPhone du logiciel Mail de Mac OS X. La navigation dans les messages est fluide et aisée. Tout comme dans les contacts, une pression du doigt vers le haut ou le bas permet d’accélérer la navigation. S’il est possible de la parfaire, elle pourrait servir de brouillon pour le trop sobre lecteur de courriel/MMS/SMS de Windows Mobile.

Et la photo ?

A première vue, le capteur photo ne paie pas de mine. L’interface sommaire (aucun réglage possible) pourrait d’ailleurs laisser penser qu’il s’agit là d’un gadget et c’est une erreur. Pour un 2 Mpx ne disposant pas des fonctions autofocus, faisant l’impasse sur le Flash, le rendu est très fidèle à la lumière du jour. En mode nuit, aucune surprise : la prise de clichés est sans intérêt.

La plupart des mobiles 2 Mpx du marché non autofocus (Nokia, Samsung, SonyEricsson) n’arrivent pas à la cheville de l’iPhone. Le rendu est légèrement supérieur à celui embarqué par le dernier HTC Touch, lequel présente des caractéristiques identiques et, enfin, une amélioration considérable pour la marque taiwanaise.

Le capteur de l’iPhone n’est par contre pas prévu pour la vidéo. Quelques photos ci-dessous.

Photo prise avec l'iPhone dans les rues de BruxellesPhoto prise avec l'iPhone dans les couloirs de MINT

L’interface de gestion des photos, pareille à celle de l’iPod, synchronise automatiquement votre logiciel avec votre iPhone via iTunes/iPhoto (sur Mac). L’ensemble des photos s’y retrouve dans un format adapté. Une pression d’agrandissement à l’aide des doigts permet de zoomer sur les photos. La plupart des fonctionnalités de l’iPhone sont disponibles dans une version très améliorée des iPod classiques.

Et l’absence de clavier ?

Le clavier de rédaction est prévu pour la langue anglaise. Il s’agit donc d’un clavier virtuel QWERTY. Il m’a fallu une petite heure d’adaptation pour écrire avec une certaine aisance. C’est également ici que HTC doit concentrer ses efforts pour les futures déclinaisons du Touch.

Un avenant brouillon pour le reste du marché

S’il manque à l’iPhone des fonctionnalités déjà présentes chez les autres constructeurs (appareil photo avec autofocus de qualité, GPS, 3G), l’iPhone est aujourd’hui la copie de départ la plus évidente pour l’ensemble de ses concurrents.

Trois d’entre-eux peuvent « aisément » rivaliser. HTC – qui travaille très vite, mais se voit plombé par la sobriété de Windows Mobile – semble avoir voulu devancer l’iPhone en proposant au monde entier son « Touch » en juin dernier : celui-ci apporte une première pierre à l’humanisation de Windows Mobile, mais il reste du chemin (dans la conception des applications internes d’une part, dans la fluidité de la synchronisation de l’autre). Il est à parier qu’un nouveau Touch est en chantier : celui-ci devrait rapidement, iPhone pour base de travail, voir le jour à la rentrée et il est à parier que la 3G+ et un appareil photo de meilleure qualité viendront garnir le prochain HTC grand public. Ce jeu de concurrence est en réalité une source de vivacité pour le marché. Tant mieux.

SonyEricsson ensuite : l’arrivée prochaine des W910, W960, K850 et P1i y contribuera. Nokia enfin, dont le N95 est le symbole d’une politique de développement dans l’esprit de la convergence très aggressive. Tout comme Apple avec Safari, Nokia mise sur Webkit pour son navigateur mobile. C’est sans doute, avec Mozilla, la solution la plus intelligente pour adapter l’Internet au mobile en attendant une nouvelle version d’Opera qui, elle aussi, semble vouloir singer ses petits camarades.

L’acquérir à n’importe quel prix ?

iPhone : slide to unlock

Non, évidemment. L’iPhone est avant tout un téléphone et aucune des fonctions n’est à ce jour disponible hors réseau AT&T. Par contre, si vous souhaitez acquérir un iPod doté d’applications en ligne, la question peut se poser. Rappelons toutefois que l’interface de l’iPhone n’est pour l’heure disponible qu’en anglais et que les outils de rédaction ne sont pas du tout adaptés à la langue française. Le prix modéré de la nouveauté (il est possible de l’acquérir à 599, soit nettement moins qu’un N95…) et l’attrait immense que représente l’iPhone en Europe peuvent aveugler certains utilisateurs.

Nous parions évidemment sur l’arrivée très prochaine d’une nouvelle génération d’iPod embarquant ce « petit » Mac OS X. La tentation est forte de penser qu’Apple peut envisager, avant de proposer une convergence totale entre iPod et iPhone, une période de transition où la première copie de Mac OS X « mobile » peut servir à la fois pour un iPod et pour un iPhone.

Me voilà séduit, forcément. Et surpris : cela ne m’est plus arrivé depuis longtemps. Il suffit de montrer cet appareil à des néophytes – pour lesquels un classique Nokia 3110 suffit amplement – pour voir à leurs yeux que, cette fois, le téléphone devient un objet de convoitise « utile », un compagnon dont, à n’en pas douter, chacun peut utiliser le plein potentiel, puisqu’il est limité à l’essentiel : le téléphone, le courriel, la musique, la photo.

Voyons tout cela en action

Cedric Godart

Merci à A. et JB.